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Jean-Sébastien Bach : 1

PORTRAIT DU CANTOR

On l’a pour ainsi dire canonisé. On a écrit qu’il était cinquième Évangéliste. On lui a élevé des statues dans maintes églises luthériennes. Cette hagiographie finirait par dissimuler ou glacer sa « figure humaine », si l’on ne s’appliquait à la dessiner, telle qu’elle vit à travers d’innombrables documents.

Il est presque impossible de consulter, tant il est touffu, l’arbre généalogique des Bach, la plus longue et la plus féconde dynastie de toute l’histoire musicale, comme on l’apprend aujourd’hui jusque dans les écoles primaires, Jean-Sébastien, dans les papiers qu’il rédigea sur les origines de sa famille, se donnait pour premier ancêtre conne Veit Bach, un boulanger « pour sauvegarder sa foi luthérienne », s’installa en Thuringe à Wechmar, près de Gotha, où il reprit son métier et mourut en 1619. Quelques biographes en ont déduit que l’auteur de la Messe en si pourrait avoir une hérédité magyare. L’hypothèse ne se soutient pas. Le patronyme du boulanger, sa confession désignent bien un Allemand résidant depuis longtemps ou non en Hongrie comme beaucoup d’autres de ses compatriotes. On a prouvé l’existence de plusieurs Bach en Thuringe au cours du XVIsiècle, entre autres d’un Hans Bach gardien à Wechmar en 1561. Selon M. Paul Bach, arrière-petit neveu de Jean-Sébastien, né en 1878, fonctionnaire des postes à Eisenach où il vivait encore il y a quelques années, et très versé dans l’histoire de son illustre famille, le nom des Bach était déjà répandu dans la contrée au XIsiècle.

En remontant seulement jusqu’au boulanger Veit, on compte dans l’ascendance directe de Jean-Sébastien et parmi ses grands-oncles et oncles vingt-neuf musiciens professionnels. Le premier en date, Hans Bach (1555-1615), avait quitté son état de charpentier pour devenir ménétrier et jongleur de la duchesse de Wurtemberg et se faire dans ce rôle d’amuseur une notoriété de bon aloi. Les autres Bach furent musiciens de ville ou de cour, organistes, cantors, chefs de fanfare. Les musiciens de ville jouaient aux cérémonies publiques, aux fêtes privées, à l’église. Ils étaient aussi guetteurs en haut du beffroi de l’hôtel de ville, fonction de première urgence durant la guerre de Trente ans où les soudards et les bandits rôdaient partout, A Erfurt, les musiciens de ville que dirigeait Johann Bach sonnaient trois fois par jour du haut de la tour de guet un choral avec leurs trompettes, leurs fifres et leurs saquebutes : à l’aube pour le réveil des habitants, à midi pour le rapas, à la nuit pour faire couvrir les feux. Les chorals, d’après Kuhnau, étaient magnifiquement harmonisés Ces détails ne sont pas inutiles.

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